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Tous vos témoignages

Marine
étudiante infirmiere

Voilà une semaine, que je suis chez moi, positive au covid depuis le 27 novembre. La fatigue m’envahit depuis le début, je suis passée par tous les symptômes (fatigue, fièvre, frissons, perte de goût, d’odorat, céphalées, mal de gorge.)
Je suis épuisée, beaucoup de difficultés à me concentrer… J’ai l’impression que c’est sans fin! Chaque jour, la peur au ventre que la maladie dégénère…

4 décembre 2020
Amélie m
Cheffe de projet

Depuis le début de l’épidémie en Chine, je me suis tenue au courant de l’évolution, j’ai été très attentive et j’ai accueilli le premier confinement avec soulagement. Je fais partie des personnes à risque avec déformation pulmonaire, atteinte immunitaire, surpoids, apnée du sommeil… Je prends très vite des mesures pour tenter de me protéger un maximum : les courses sont faites au drive, je désinfecte tout à la javel, je crée une sorte de sas à l’entrée de l’appartement, je refuse de sortir, de voir du monde, j’ai un masque tout le temps et je mets du gel toutes les 10 minutes. Mes proches me prennent pour une folle. Je vis dans la peur et prendre toutes ces mesures me rassure. La première vague épargne mes parents, mes grands-parents, ma femme et moi mais touche et emporte mon cousin, ma grande tante, mon grand oncle, des proches. Pas d’enterrement possible, pas de deuil, il faut juste continuer… Lorsqu’arrive le déconfinement, je le vis comme un danger. A l’inverse des autres qui y voient une libération, j’ai peur que la mort ne frappe à nouveau, que les gens se relâchent. En juillet, je suis prise de violents maux de ventre, je suis dégoûtée par la nourriture, vomissements et diarrhées. Les 2 tests pcr sont négatifs. Je perds 25 kilos en 2 mois. Je tente d’alerter les médecins, de voir des spécialistes, les délais sont longs, mes journées aussi, de plus en plus… Je m’affaiblis, je n’ai pas d’explication. On me parle de cancer à plus de 15 reprises sans jamais me donner de diagnostic. Fin septembre, après 3 mois de diarrhées et autre, on me prescrit une batterie d’examens tous plus intrusifs et douloureux. Le bilan donnera une paniculite mesenterique atypique. Quelques jours après avoir passé mon dernier examen, je me sens fatiguée, enrhumée, j’ai mal à la gorge. Je ne m’affole pas, je sais que je respecte les gestes barrières, que je me douche entièrement après chaque sortie. Je contacte le médecin en téléconsultation après 2 jours de fièvre, des maux de gorge, le nez complètement pris. Ma doc me prescrit un test pcr et me certifie que c’est le Covid. Je ricane et lui dis qu’il n’y a personne qui fasse plus attention que moi. 48h après je reçois le SMS du labo, je rentre mes identifiants persuadée d’y trouver la mention négative. Et là 3 lignes, 3 lignes positives. C’est un vrai choc, j’ai l’impression d’avoir pris un uppercut en pleine face. Ma compagne se détache de moi très rapidement et commence à s’agacer. Je me sens terriblement seule et terriblement choquée. Je préviens mes clients, ma famille, mes plus proches amis. Tous sont surpris car ils savent à quel point je fais attention. Certains sont sûrs que je l’ai pris à l’hôpital en faisant mes examens car ce sont les seules sorties que je faisais… un comble, attraper le covid en se faisant soigner… la panique monte. Cela fait 24 jours et je fais encore des cauchemars sur mon test positif… Depuis 24 jours, j’ai de la fièvre, des courbatures, la bouche sèche, la gorge douloureuse, des diarrhées, des maux de ventre, le nez pris, des maux de tête à vouloir me l’arracher, je n’ai plus de goût ni d’odorat, une fatigue écrasante, je m’essouffle à la moindre action que je fais, j’ai l’impression que quelqu’un est assis sur moi en permanence, je cherche mon souffle, mon cœur se serre douloureusement et ma poitrine me brûle sans arrêt… Les prises de sang montrent une infection, le scanner montre des lésions et mon corps montre des signes de faiblesse. Il y a 48h, je suis montée à  39 de fièvre, un épuisement intense et des douleurs thoraciques grandissantes, après un appel au samu on m’emmène en ambulance aux urgences ou j’attends 8h avant de voir un médecin qui m’annonce qu’il n’y a pas de remède, que ça va être long, qu’il faut juste prier pour rester du bon côté… Ca se résume donc à un « ça passe ou ça casse », ce sera lui ou moi… comment je vais tenir ? Comment je vais faire pour mon travail ? Est ce que je vais survivre ? Est ce qu’à 35 ans je vais m’en remettre ? Pourquoi moi ? Est ce que je serai encore la à Noël ? Personne ne connaît la réponse…

6 décembre 2020
Sam
Assistante maternelle

Le samedi 14 mars.
Un léger mal de tête au niveau du front.
Le mercredi 18 mars.
J’appelle un médecin pour demander si je devais arrêter les anti inflammatoires que je prends pour l’arthrose de genou et je lui dis que j’ai un mal de tête constant depuis 4 jours au niveau du front et de mes sinus. Elle me prescrit un spray nasal pour une possible sinusite et du Doliprane.
Je commence le traitement pour la sinusite. Je prends le Doliprane depuis 4 jours et pour la première fois dans ma vie ça me fait strictement rien… c’est curieux.
Le jeudi 19 mars.
J’ai toujours mal à la tête, mais maintenant il migre partout et il commence à taper de plus en plus fort, derrière mes oreilles et à la nuque.
J’ai la nuque douleureuse et des courbatures dans les bras, la poitrine, les épaules et le dos. J’ai vraiment mal et je me sens fatiguée. Je commence à prendre ma température plusieurs fois par jour car me sens fébrile…température toujours autour de 37.5°C , j’ai l’impression que je brûle, comme si j’avais 40°C .
Samedi 21 mars.
J’appelle mon médecin traitant. Il me dit « suspicion de Covid ». Je suis presque tombée de ma chaise, je ne le crois pas car je n’ai pas soi disant de fièvre et je ne tousse pas, mais pas du tout. Il me dit d’être attentive à ma respiration et de me reposer. Il me dit que les symptômes peuvent s’aggraver entre le 7ème et 10ème jour. Je commence à avoir peur car je suis une personne à risque, j’ai de l’asthme. Tout ce que je regarde sur le journal commence à me concerner directement. Je me dis que ce n’est pas possible car j’ai toujours respecté les consignes sanitaires, j’arrête de faire la bise depuis longtemps. Je me sens seule au monde et je suis terriblement angoissée.
La nuit, je fais des cauchemars, ce n’est pas normal.
Dimanche 22 mars.
Je me réveille à 5h du matin après une nuit courte. Je commence à tousser, une toux sèche, je me dis voilà je vais me retrouver en rea. J’ai le coeur qui s’emballe, j’ai chaud, j’ai une barre sur la poitrine, je n’ai plus mal à tête mais toujours des courbatures et des points de douleurs dans le dos et la poitrine.
J’essaye de rester calme jusqu’au moment où je peux appeler mon médecin. Je commence à avoir mal au ventre, des douleurs violentes qui bougent dans les intestins. J’ai de la diarrhée et la nausée. Mon appétit est non-existant.
J’appelle mon médecin. Il me demande d’aller le voir pour vérifier mes poumons, mon cœur et le taux d’oxygène. Je demande un test pcr. Il me dit que c’est pour les cas graves à l’hôpital et me dit qu’il ne pouvait pas m’envoyer car mon cas n’était pas grave. De toute façon je ne voulais surtout pas y aller. Je suis rassurée. Mon médecin m’a prescrit de la chloroquine et des masques. La pharmacienne ne me les donne pas. Je suis très remontée.
Je passe le reste du confinement très fatiguée avec 3 siestes par jour et des douleurs au niveau de poumons.
Aujourd’hui j’ai repris mon travail, mais j’ai toujours des points douloureux de temps en temps au niveau de la poitrine et au dos et parfois dans les jambes. 2 ou 3 jours par mois j’ai une fatigue extrême à ne pas pouvoir marcher en dehors de ma maison. J’ai des vertiges et des sifflements dans mes oreilles. Je suis toujours angoissée.
J’ai fait le test sérologique et tout comme certains entre vous le résultat est négatif. Je ne comprends pas du tout. Mon médecin est convaincu que j’ai bien eu la Covid et il me dit que les tests sérologiques ne sont pas fiables.
Quand je parle des douleurs et de cette fatigue, j’ai l’impression de me plaindre pour rien car personne ne semble me croire même pas les médecins. De lire vos histoires me rassure beaucoup, je me dis que je ne suis pas en train d’imaginer des choses.

Je vous souhaite à tous du courage, je suis de tout cœur avec ceux qui ont souffert et qui souffrent encore. Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire mon histoire, ça fait beaucoup de bien de partager nos vécus.
Je m’excuse pour les fautes d’orthographe, le français n’est pas ma langue maternelle 😊

19 décembre 2020
Jb

Et si cette situation particulière n’était pas une opportunité à saisir ?

15 novembre 2020
Myriam
Étudiante

Je me souviens de ces mois de décembre, janvier, où l’on parlait à peine du Covid. On savait que la situation était compliquée en Chine, mais ça nous paraissait si lointain, que personne ne s’en inquiétait vraiment. Alors on continuait à vivre, à boire, à faire des soirées. Personne en France ne réalisait la menace qui pesait sur nous.
Et j’ai continué à vivre, jusqu’au confinement en mars. Je me souviens que je n’avais pas la moindre crainte, que ce virus ne me faisait pas peur, jusqu’à ce que Macron annonce la fermeture des universités.
Je suis étudiante, et cela m’a marquée. C’est à ce moment-là que j’ai pu comprendre que la situation était grave. On n’avait jamais fermé les universités.
Alors, avec ce confinement, je me suis sentie tout de même en sécurité. Mais j’ai lu, beaucoup lu sur le Covid pendant cette période. Et j’ai commencé à comprendre, peu à peu, son fonctionnement. Aerosolisation, maintien du virus sur certaines surfaces…
J’ai pu voir que ce virus touchait gravement les personnes souffrant de troubles cardiaques. J’ai lu un article portant sur un homme, mort rapidement du Covid, car il avait fait un infarctus bien avant.
Or, ma famille et moi, souffrons de problèmes cardiaques.
J’ai eu peur.
J’ai commencé à laver mes courses, au cas où. A créer un sas de décontamination, où les courses devaient patienter trois jours, quand je ne pouvais pas les laver. J’ai commencé à prendre une douche intégrale après chaque sortie, en prenant bien soin de laver mes vêtements aussi. Je me lavais longuement les mains après avoir touché quoi que ce soit en dehors de mon appartement. Je mettais très, très souvent du gel hydroalcoolique dehors.
Et lors du déconfinement, j’ai continué cela. Je ne sortais pas, je ne voyais pas mes amis, je restais chez moi au maximum. J’ai continué à appliquer mes propres gestes barrières.
En septembre, il y avait la rentrée, en présentiel. Alors j’ai acheté des masques FFP2. Mais même là, je n’avais plus le courage d’aller en cours, de me laver dès que je rentrais, de passer mon téléphone et mon ordinateur à l’alcool tous les soirs.
J’ai fait en sorte que des amis m’envoient leurs notes.
On pourrait parler d’hypocondrie, de TOC, d’un tas de maladies psys, et on aurait parfaitement raison. Mais moi, ce que je me dis toujours, c’est « mieux vaut faire ces gestes que tuer ma mère pour un moment d’inattention ».

Maintenant, nous sommes en novembre 2020. Ma vie est en pause depuis mars.

8 novembre 2020
Maude

Il y a 2 ans, j’ai accepté une mutation dans l’Est de la France à 850km de ma famille. Mon compagnon et moi-même avons décidé d’en profiter pour emménager ensemble. Au bout d’un 1 an ,nous décidons d’y acheter un appartement et de faire un enfant.
Le 19 mars, 2 jours après le début du confinement, je donne naissance à ma fille. A peine née, on nous annonce que le personnel attend de voir quelles vont être les nouvelles directives. 1 h après sa naissance, on nous annonce que mon compagnon ne pourra pas revenir jusqu’à notre sortie de l’hôpital. Il n’a pu voir sa fille que 3h.
Le lendemain, on me fait gentiment comprendre que si je vais bien, je peux partir au bout de 2 jours au lieu des 3 recommandés. Oui, mon compagnon me manque et j’aurais aimé qu’il soit là pour son premier bain, la voir se réveiller, manger, la changer mais je suis restée 3 jours et j’ai bien fait. Le corps a besoin de temps pour se remettre.
Enfin, je retrouve mon compagnon et lui revoit sa petite fille ! Le confinement est toujours là et on se retrouve isolés bien loin de nos familles.
Je me rends compte en allant faire des courses que les personnes sont très égoïstes. Il n’y a plus d’eau, de riz, très peu de légumes, etc. Je me souviens m’être dit : « heureusement que je peux allaiter car il ne reste pas une bouteille d’eau pour faire des biberons ».
Nous ne sortons que pour le médecin, faire des courses, la pharmacie. Nous suivons les recommandations en espérant pouvoir vite voir nos familles et qu’elles puissent enfin voir notre fille.
Nous avons fait une seule entorse pendant le covid, le 19 mars à 4h du matin j’ai perdu les eaux. J’ai réveillé mon compagnon, nous avons vite pris quelques affaires et nous nous sommes rendus à l’hôpital à pied sans prendre le temps de remplir une attestation de sortie.

A ses 3 mois, notre petite fille a enfin pu rencontrer sa famille paternelle. Ils sont venus nous voir 2 jours. Puis à ses 4 mois, mes parents sont venus. Voir nos familles nous a fait énormément de bien. Cela nous a ressourcés. Et surtout de voir le visage de notre petite fille s’illuminer dans les bras de ses grands-parents ont été des moments magiques et inoubliables ! A ses 5 mois, nous avons pu rendre visite à ma famille dont mes soeurs qui ont pu rencontrer leur nièce. Encore des moments remplis de joie et de bonheur.

Nous continuons toujours à faire attention, nous ne sortons que si c’est vraiment obligatoire. Ou bien sur pour faire des balades dans le parc avec notre petite fille. Elle aussi a besoin de respirer de l’air frais, nous n’avons pas de jardin et elle adore regarder les feuilles des arbres.

Mon congé maternité et mes congés terminés, je ne reprends pas le travail, il n’y en a pas… Tout le monde me dit que j’ai de la chance, que je peux profiter de ma fille et c’est vrai. J’en profite et je la vois grandir. Elle est plus éveillée de jour en jour.
Mais le travail ne revient pas et ne reviendra pas. Mes employeurs doivent me licencier économiquement. Ils font tout pour sauver leur société et je les comprends.
Je ne leur en veux pas, au contraire, je leur souhaite de survivre à cette crise. C’est une société avec de belles valeurs et des patrons en or pour qui je suis très fière d’avoir travaillé.
Mon compagnon lui a arrêté de travailler avant l’arrivée du covid pour faire une formation d’assistant maternel pour s’occuper de notre fille et d’un autre enfant. Malheureusement, toutes les formations ont été stoppées avec le covid. Nous sommes toujours en attente des dates de formation, cela fait 8 mois que l’on attend.
Nous nous retrouvons donc tous les 2 au chômage avec une petite fille et un crédit pour notre appartement. Le marché du travail dans mon milieu en ce moment est très compliqué. Plus les jours passent et plus nous sommes nombreux à être au chômage mais il y a très peu d’offres.
Même si j’adore pouvoir passer autant de temps avec ma fille, j’aimerais retrouver un emploi rapidement. J’aime travailler !
Et aujourd’hui nous apprenons le reconfinement… Nous devions aller voir ma famille dans 4 jours, je ne sais pas quand je pourrais les revoir. Ils me manquent ! On a beau dire, un appel, des textos et même un appel vidéo ne remplaceront jamais le lien direct. L’émotion que l’on ressent lorsque l’on peut discuter réellement avec une personne. Le rire, les gestes, les pleurs, toutes ces petites choses que l’on ne voit pas derrière son téléphone.
Je ne sais pas combien de temps va durer ce reconfinement. Tout ce que j’espère c’est pouvoir voir ma famille très vite !

29 octobre 2020

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