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Tous vos témoignages

Sami
Commercial

Bonjour à tous,
J’ai 37 ans, marié et papa d’une petite princesse de 3 ans. Pour ma part, j’ai respecté les règles de précaution à la lettre. Mon entreprise ayant décidé de cesser l’activité le premier jour du confinement, j’avais moi-même cessé d’effectuer des rdv commerciaux le jeudi, jour du premier discours de Macron.
Mon épouse a été la première touchée depuis vendredi dernier, et moi j’ai commencé à avoir les symptômes lundi : toux, courbatures et fièvre.
Ma fille, Dieu merci, va bien, n’a aucun signe mais c’est très difficile pour elle de rester à la maison pendant le confinement.
Ce que je trouve aberrant dans la sixième économie mondiale, avec un des meilleurs systèmes de prise en charge (Sécu et mutuelle), c’est qu’on ne puisse même pas effectuer de dépistage alors que j’ai tous les symptômes aux dires du médecin !
Je prie Dieu de ne pas avoir de complications respiratoires. Peut-être que là ils se décideront à me faire les tests.
Les journées sont longues, les nuits compliquées et les douleurs insupportables !
Svp protégez-vous, ne sortez pas. Nos anciens ne méritent pas d’attraper cette saloperie et de mourir dans des conditions atroces !

26 mars 2020
A.
(J'ai fêté mes 27 ans en confinement, donc rien fêté du tout. Yay.)

Chaque nuit, je n’arrive pas à dormir parce que je suis morte de peur.
Pas de peur du virus, ni même de perdre mon boulot dans le cadre de la récession qui suivra le confinement (même si c’en sera probablement la conclusion).
Non, je suis morte de peur que la réalité que nous vivons actuellement devienne la norme. Les belles journées ensoleillées passées de force à l’intérieur, les pays et les personnes dans un même pays déconnectées les unes des autres, la police qui va contrôler jusqu’au contenu de nos sacs de courses, l’impossibilité de sortir sans un papier, et j’en passe.
J’ai l’impression d’avoir loupé cette grande réunion planétaire où la société toute entière a fait un 180° complet sur tout ce qui, jusqu’à il y a peu encore, dans l’ancien temps déjà, nous semblait sain : aujourd’hui, les câlins sont criminels, l’interaction sociale est criminelle, le fait de sortir prendre l’air est criminel, et j’en passe. Tout ce qui nous apportait du bonheur est devenu illégal en un instant.
Et si encore, ce n’était que le fait du gouvernement. Les gens applaudissent, demandent encore moins de liberté, pointent du doigt ces actes « criminels » que de vouloir profiter du soleil, rechercher le contact humain… Être libres, quoi. Il faut croire qu’il ne reste plus grand-chose du pays, de la révolution et de la liberté. Qu’on ne s’étonne pas après si on se retrouve dans cette situation tout le reste de notre vie, vu comme la population applaudit à bras ouverts le meurtre de nos libertés.
Bien sûr, ce virus est une menace. Mais nous en avons connu d’autres par le passé, des menaces, et aucune d’elles ne nous avait privés à ce point de nos droits les plus fondamentaux. Et quand je vois le succès (ironie assumée) du confinement en Italie jusqu’à présent, je me demande bien à quoi ça sert.

Le reste de ma famille dans d’autres villes me manque. Mes amis à l’étranger, eux aussi prisonniers chez eux (et eux aussi applaudissant ces mesures liberticides) me manquent. Le parc pas loin de chez moi (et pourtant si loin, manifestement) me manque. Je me demande si je les reverrai un jour. C’est terrible de ne même pas pouvoir en être sûre.

26 mars 2020
POMPOMPOM POM
Manager du chaos/Esclave de bases de données

Nous fonctionnons en mode dégradé, le moral quant à lui ne doit pas l’être

Voici mon bilan au bout de 7 jours de confinement (officiel) et télétravail:

– Maintenant je dors plus de 8h par nuit. Je n’ai plus de trajet pour aller au travail
– De ce fait ma peau est rayonnante. Plus de cernes
– Je fais du sport en simulant des fights contre un ennemi invisible sur une musique entraînante
– Je n’ai pas pris un gramme
– Plus d’échanges de miasmes entre collègues
– Plus de présentéisme
– Fiabilité technique, réseau internet domestique 90%.
– D’un tempérament naturellement antisocial, j’ai fait la connaissance d’un nouveau voisin fort sympathique. Nous nous ressemblons.
– Dans l’immeuble, un grand CALME QUI FAIT DU BIEN

Voici les côtés positifs, je ne parle pas des négatifs.
Pour ces derniers, je vous recommande le JT de 20h. Merci.
Une pensée émue pour ceux sur le front.

25 mars 2020
Julien
Directeur d'établissement (EHPAD)

Bonjour,

Je tiens à apporter mon témoignage comme directeur d’EHPAD et d’établissements pour personnes handicapées.
Je suis en colère !

C’est une crise sans précédent pour nos établissements. Pour autant, je réfute le terme de « guerre ».
La guerre signifie qu’il y a un ennemi, or là l’ennemi n’est même pas un organisme vivant : un virus, contrairement à une bactérie, n’en est pas un.
Il s’agit donc d’une crise sanitaire, provoquée certes par un virus millénaire, mais surtout accentuée par les pouvoirs publics qui n’ont pas anticipé, pas prévu les moyens de lutter.
Dans mes établissements, on a des masques pour tenir 3 jours !!! Et dire qu’on est dans le système de santé soi-disant le plus performant au monde ! Il a déjà du plomb dans l’aile notre beau système…
Cela fait déjà un moment que les EHPAD tirent la sonnette d’alarme. Résultat : du saupoudrage en début d’année par la Ministre de la Santé et maintenant cette crise du Coronavirus.
Je suis en colère !

La guerre cache aussi la responsabilité des pouvoirs publics derrière le voile protecteur et fédérateur de la « Nation ». Mais un jour viendra où il faudra chercher et trouver des responsables, dans un système ultra-libéral qui a privilégié au nom de l’efficacité une vision comptable à court terme, au prix de la santé de toute une population. Pour l’heure, nous devons rester soudés et éradiquer cette pandémie.
Mais au final, quel sera le coût bien plus élevé sur les plans économique, social et humain ??? Quelles conséquences psychologiques produira le confinement, sans compter ces morts que les familles n’auront pas pu accompagner ?
Dans nos établissements les visites sont interdites, sauf pour les fins de vie. Les résidents déjà fragiles souffrent énormément de la situation. Sans parler des professionnels qui saturent et culpabilisent de peut-être contaminer sans le savoir les résidents. Et si demain j’ai 20 morts dans mes établissements, je leur dirai quoi à tous ces gens ?

Demain, c’est tout un système qu’il faudra remettre en cause, un système capitaliste effréné, ultra-mondialisé, qui a basculé dans l’inhumanité.
Bernard MARIS l’avait écrit dans les années 2000, que le capitalisme finira soit par une crise économique soit par une catastrophe. Et on a eu les deux : la crise économiques de 2008 puis la catastrophe sanitaire actuelle, sans parler de Fukushima au milieu. Et pourtant, le système est toujours et sera toujours là.
Sauf si nous, citoyens, acteurs de la santé, de la recherche, associatifs, bénévoles, défenseurs de l’environnement, faisons pencher la balance du côté de la qualité de vie et de l’avenir de nos enfants, bref de l’humanité.
Pour cela, il faudra résister au saupoudrage que certains tenteront de nous faire passer pour mieux avaler la crise.
C’est à ce moment-là que la véritable guerre commencera, car nous aurons enfin un ennemi devant nous.

26 mars 2020
Sarah
Guide touristique

Six mois par an, je suis mère au foyer, je gère tout pendant que mon conjoint travaille. Six mois par an, je suis pratiquement mère célibataire et j’attends le retour du printemps pour pouvoir reprendre le travail, sortir, voir du monde, vivre un peu pour moi.
Pas cette année. A peine embauchée, déjà virée. Pas de chômage partiel pour les saisonniers. Nous sommes des employés jetables.
Mon compagnon ne travaille plus (chômage partiel) et occupe ses journées comme s’il était en vacances, entre jeux en ligne et hobbies d’intérieur.
Moi, depuis 15 jours, je vis un seul et même jour interminable où je mène de front une quintuple journée (4 enfants, donc 4 classes à donner simultanément + le ménage, les repas et mes autres tâches de « mère au foyer »). Je ne touche plus terre, je perds la notion du temps. L’école à la maison me prend chaque minute du jour et mes nuits servent à rattraper la tenue de la maison. Quelques heures de sommeil agité et on recommence.
Foncièrement, le confinement n’est pas si dur. J’ai de la chance, je vis dans une toute petite ville. Les commerces de proximité sont au bout de la rue et j’ai un jardin où les enfants peuvent courir un peu. Je n’ai pas spécialement peur du virus (malgré ma condition d’asthmatique, je ne me sens pas – peut-être à tort ? – menacée), je n’ai pas peur pour mes proches (les enfants ne sont a priori pas touchés et ma mère, vivant très recluse, a des chances d’exposition minime). La partie difficile, la vraie, c’est pas l’isolement, la perte de mon boulot, l’impossibilité de sortir. La partie difficile, c’est de se sentir seule entourée des miens.

25 mars 2020
Franklin
Agent technique communal

Bonjour,

Malgré un martelage de l’Etat sur le fait qu’il faut un minimum de monde qui bouge, chose que j’aimerais bien respecter mais je ne peux pas. Mon patron nous dit qu’il n’y a pas de risque alors qu’on est une équipe de 3 à travailler dans le même atelier…
Ayant une personne de ma famille contaminée, je trouve cela très fortement irresponsable de sa part. Sachant qu’une personne est d’astreinte toute la semaine, il suffirait que celle-ci travaille pour la continuité du service.
Si je tombe malade ou que je le donne à quelqu’un, je ne manquerai pas de lui rappeler les faits… À bon entendeur.

25 mars 2020

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