Skip links

Tous vos témoignages

ST
Banquier

Je m’appelle S., Jai 26 ans et depuis 4 ans je suis banquière. Je n’ai aucun problème de santé et j’en ai jamais eu. Tout a basculé ce mardi 26 janvier 2021, je rentre du travail et suis prise d’une grosse migraine. Je me suis dit « c’est normal, premier jour de travail, journée chargée » donc je ne me suis pas inquiétée. Mercredi matin, je me réveille avec la migraine de la veille, je me dis que ça finira par passer. Je prends des Doliprane dès le matin. La journée passe, je suis épuisée et j’ai qu’une hâte c’est de dormir, à peine posée je m’endors comme un gros bébé à 19h. Jeudi matin toujours cette migraine persistante et là je commence à tousser. Je ne m’inquiète toujours pas car je tousse toute l’année donc rien de choquant, jeudi fin de matinée je sens comme des courbatures au niveau du dos, j’en fais part à ma collègue qui me dit “ne t’inquiète pas tu dois psychoter et te créer toi-même des symptômes ». Bon ok… L’heure du déjeuner arrive, je mange un morceau de pain avec du fromage, je n’ai pas très faim. Je reçois un client à 14h, je sens comme des bouffées de chaleur, je n’arrive pas à garder mon masque car je n’arrivais pas à respirer avec, je bâcle mon rendez vous car j’ai qu’une hâte c’est que le client s’en aille pour retirer mon masque et respirer. Il s’en va à 15h, je retire mon masque et là c’est le début du cauchemar, je suis prise de courbatures de partout, elles se sont intensifiées comme si on m’avait rouée de coups, je sens une grosse fatigue et décide de fermer les yeux sur mon bureau, je m’endors ma collègue rentre me voir et je me mets à pleurer en lui disant que j’avais trop mal de partout et que je me sentais pas bien. Je n’avais aucune force pour me lever de ma chaise, aucune force pour attacher mes cheveux. Je décide d’aller faire un test urgent, après avoir pris deux Doliprane le soir, je rentre, je me sens un peu mieux et ne dis pas à mes proches que j’ai fait un test. J’habite avec mes parents et mes deux petits frères. Mais je fais quand même attention à ne pas croiser mes parents. La nuit arrive, c’était la pire nuit de toute ma vie. Les courbatures se sont encore accentuées, je sens comme une pression au niveau de mes poumons, je n’arrive pas à me lever, j’ai failli me pisser dessus car j’étais incapable de me lever, j’ai dû me battre pour me lever, mes talons sont très douloureux je n’arrive pas à marcher, j’ouvre ma fenêtre pour prendre l’air car j’avais vraiment l’impression d’étouffer. Je retourne dans mon lit je suis essoufflée, il est 4h du matin je décide d’aller lire les témoignages des personnes testées positives. Elles ont toute les mêmes symptômes que moi. L’angoisse, je me prépare au pire. Vendredi je ne suis pas allée travailler car impossible de me lever, comme si quelqu’un était assis sur moi et m’empêchait de me lever. 11h le téléphone sonne, le laboratoire m’annonce que je suis positive. J’éclate en sanglots, j’y crois pas. Je préviens mes parents. Ils n’y croient pas et tombent des nues. Je décide de m’isoler et préviens toutes les personnes avec qui j’ai eu un contact sans masque, donc mes frères et une de mes collègues. Je m’isole et je suis très très mal, j’ai encore cette impression d’avoir été rouée de coups. Samedi après-midi, ça va un peu mieux mais c’est pas la grande forme, je ne fais que dormir. Le téléphone sonne à 16h, j’ai pas de force pour le prendre. Je vois qu’on insiste, je décide de répondre. C’est le laboratoire. « Mlle T.? Oui c’est moi. C’est le labo de … je vous contacte suite au test que vous avez fait jeudi, après double analyse de votre test vous avez le variant anglais. » Je reste sans voix et reste choquée. Je pense à mes parents immédiatement, ils ont d’ailleurs fait le test le samedi matin. Je ne le dis pas à mon père car il va devenir fou, je pleure. Et me demande si c’est un cauchemar… A l’heure où je vous écris, j’en suis à mon troisième jour d’isolement et mon père a été testé positif.

31 janvier 2021
Aure-Marie LHOMME
Enseignante à domicile

Depuis quelques semaines, le couvre-feu a été avancé de 20h à 18h. Certes, pendant les confinements, nous avions, heureusement, le droit de nous promener, à condition d’être seul ou avec ses compagnons ou compagnes de confinement et dans certaines limites souvent trop restrictives à mon goût mais, maintenant que c’est le couvre-feu, la promenade quotidienne, si indispensable à la santé, est interdite pendant les horaires de couvre-feu. Il faut la faire avant 18h et, si on n’en a pas le temps, on est obligés d’être sédentaires ou de faire notre sport chez soi, avec la pollution de l’air intérieur. J’ai d’ailleurs lancé une pétition à ce sujet. En temps normal, quand je fais du sport en intérieur, c’est en plus du sport en extérieur et pas tous les jours, contrairement à la promenade. Ce couvre-feu est une aberration totale parce que ma promenade en solo ne m’expose ni au risque d’être contaminée (si ça n’a pas déjà été fait fin Mai, je ne le saurai jamais avec certitude absolue ni dans un sens ni dans l’autre malgré les tests), ni à celui de contaminer quelqu’un d’autre (ça, je sais que ça n’a pas été fait). Les jours où je n’ai pas le temps de me promener avant 18h, j’en suis réduite à faire 100 allers-retours à pied dans une petite rue peu fréquentée en bas de chez moi où les forces de l’ordre ne passent jamais, après 18h, jusqu’à ce que mon podomètre indique le nombre de pas souhaité, pour pouvoir prendre soin de ma santé en minimisant le risque d’amende (100 fois de suite le même aller-retour, comme c’est passionnant !!!). J’envisage l’achat d’une corde à sauter mais, ça non plus, ce n’est pas sans risque d’amende après 18h car je n’ai pas d’espace extérieur privé chez moi. Il y a eu un moment donné où j’ai pensé qu’une dictature allait être mise en place. Le médecin qui m’a vaccinée contre la grippe (ce que j’ai fait cette année pour ne pas attraper grippe et covid en même temps) m’a rassurée en me disant que le gouvernement n’a pas le choix (il ne lui est pas inféodé non plus car il l’a critiqué sur un autre point), qu’il doit fliquer les gens car ceux-ci ne sont pas spontanément enclins au respect des règles, contrairement à ce qui se passe dans les pays Scandinaves. Selon lui, c’est pour cette raison que, là-bas, les gens sont responsabilisés alors que nous sommes infantilisés. Cela peut être un cercle vicieux en poussant les gens à désobéir encore plus… En cas de prémices d’une prochaine crise sanitaire (un virus qui se propage vite, par exemple), j’envisage l’expatriation définitive vers un pays Nordique où je serai plus libre et pas forcément moins en sécurité. Évidemment, n’importe qui peut dire qu’il (elle) se promène alors qu’il (elle) va à un apéro mais l’activité physique en extérieur est indispensable à la santé. Il faut accepter que tout le monde doit mourir un jour. Si j’ai le choix entre une maladie d’Alzheimer comme mon père et la covid, mon choix est vite fait. Dans la très large majorité des cas, le covid a le mérite de laisser souffrir moins longtemps. Sans oublier que, dans les bienfaits de la pratique régulière du sport en extérieur (y compris promenade), il y a la stimulation des défenses immunitaires qui sont essentielles pour ne pas contracter ni transmettre les virus. De là à ce qu’on stimule la propagation du virus au lieu de la freiner, il n’y a qu’un pas. Je prends ma responsabilité de ne pas rendre visite à mes ami(e)s pendant les horaires du couvre-feu mais je tiens à ma promenade, quelle que soit l’heure qu’il est au moment où j’ai le temps de la faire !!! Autre chose qui risque de compromettre l’efficacité du couvre-feu à 18h : la densification des flux de clients dans les magasins. Plein de monde se dépêche de faire les courses avant 18h et s’agglutine dans les magasins. C’est excellent pour le virus mais pas pour les gens qui veulent l’éviter !!! Pour finir, il semblerait que la réflexion soit enfin partie prenante dans les prises de décisions. Pourvu que soit finie la précipitation mauvaise conseillère ! Tant pis si ça implique de passer plusieurs jours sans savoir si on sera encore reconfinés ou non mais il faut absolument prendre le temps de réfléchir avant de décider.

29 janvier 2021
Paule
Santé

Sensibilisée par la dégradation des liens et les émotions que suscite le contexte actuel, je suis ravie de découvrir « generationcovid.fr »
Après la sidération des premiers moments, j’ai rapidement éprouvé un authentique désir de voir le monde donner à sa jeunesse un avenir.
J’aspire à une nouvelle révolution.
Pas une révolution où on lève le ton et le poing.
Une révolution intérieure, révolution du cœur.
Je rêve qu’elle soit très largement partagée et conduise à l’ouverture d’une page nouvelle chargée d’espérance.
Parce que j’imagine qu’on peut changer le cours des choses, j’ai aussi créé un blog de partage.
Il représente une partie de ma contribution.
pour-une-nouvelle-revolution-souviens-toi.fr
Mes pensées vont quotidiennement vers la jeunesse en détresse et je nourris l’espérance.

26 janvier 2021
Jean Gabriel
Policier

Bonjour,
Je suis un homme de 43 ans et je livre ce témoignage de ma chambre à coucher où je suis isolé depuis mon dépistage positif il y a 2 jours.
Tout a visiblement commencé Mercredi dernier.

Petit flash-back ;

– Paris, commissariat de Police Judiciaire, le 20 janvier, il est 05h30. Je boucle les derniers préparatifs de l’opération que nous allons mener, mes agent(e)s et moi-même pour aller arrêter deux agresseurs sexuels présumés.

On charge le matériel dans les véhicules, dernier briefing, le masque est de rigueur, puis le convoi démarre, direction la banlieue.

Nous nous déplaçons dans deux vieilles voitures exiguës, 4 enquêteurs par véhicules, dont un journaliste.
Le 2 tons rythme notre conversation enjouée, l’équipe a la pêche.

– 06h00, sur zone, on grimpe les escaliers pleins d’urine d’un vieil immeuble décrépi 4 à 4, dur avec le masque.

– 06h03, coup de bélier, la porte cède et je me retrouve avec le visage de mon suspect qui me toise à 10cm de distance du mien. Il ne porte évidemment pas de masque, on vient de le sortir du lit.
Le petit point rouge de mon taser dissuade ce dernier d’aller plus loin et il finit par se laisser faire, tant mieux, vu le contexte, le corps à corps ne m’emballait pas trop.

– 06h45, retour au service, l’esprit est joyeux, on a serré nos mecs sans casse, ni pour eux, ni pour nous et les « perquises » ont permis de retrouver les fringues qu’ils portaient lorsqu’ils ont arraché la robe de leur victime pour la peloter, voire pire…

5 jours plus tard, lundi dernier donc, un de mes gars se tape un 39 de fièvre, d’un coup.
Il veut rester au service malgré tout car on vient de serrer plusieurs trafiquants qui tenaient un « four » dans le Nord-Est de Paris et il ne veut pas laisser les copains se fader tout le boulot.

Je le dissuade et l’encourage à se faire tester. Le soir-même, il m’envoie un message, il est positif…

Le lendemain, mardi 25 Janvier, je fais tester le reste de mon équipe, soit 12 enquêtrices et enquêteurs.
Résultat, 8 sur 12, dont moi-même.

Je n’en reviens pas, moi, le chef, le socle du groupe, positif…
Je ne suis finalement pas plus fort qu’un autre et à bien y réfléchir, pourquoi aurais-je été exempt de l’attraper ? Ça ramène à une certaine humilité tout ça.

Faut dire qu’avec mon équipe et malgré une certaine appréhension, on avait tout vécu depuis l’année dernière, des patrouilles covid sans masque jusqu’à la reprise de l’activité judiciaire. Nous avions assumé nos missions sans que personne ne tombe malade.

On se disait qu’on avait une bonne étoile et que ça allait durer comme ça.

Mais voilà, en une opération et malgré nos précautions, celle de mercredi dernier a coûté la santé à tous les agents engagés. Peut être la faute a ce nouveau variant 70% plus contagieux que le précédent ? Allez savoir.

Aujourd’hui, je ne me sens pas trop mal d’un point de vue physique, j’éprouve principalement de la fatigue qui me séche au bout d’une heure de jardin où j’essaie de jouer avec mes filles (toujours avec masque bien sûr).

Je suis sujet à quelques quintes de toux et surtout je reste très vigilant pour les prochains jours car je me rends bien compte que là, ce ne seront pas ma plaque et mon pare-balle qui m’empêcheront de finir aux urgences si ça s’aggrave.

Je me suis isolé dans la chambre conjugale, et ma femme (négative) dort dans une autre pièce. Ça c’est plutôt dur mais bon, c’est nécessaire.

Tout le monde est confiné à la maison le temps que ça se tasse. C’est pas simple non plus pour les filles.

Ma compagne assume beaucoup de choses et je me sens impuissant à ne pas pouvoir l’aider au quotidien, mais je me dis que ce n’est que transitoire.

Pour l’instant, le plus urgent est de temporiser pour rassurer mes deux filles puis de me retaper pour être opérationnel le plus vite possible.

Je positive, je reste en contact avec les amis ainsi que les collègues, les symptômes son bénins et je suis bien entouré par ma famille.

De plus, à part deux collègues qui se tapent des bonnes fièvres, mes autres gars semblent aller pas trop mal, donc jusque là, « Hakuna Matata »…

28 janvier 2021
Joséphine Papin

Je m’appelle Joséphine, j’ai 19 ans et je viens de banlieue parisienne.
J’étudie au Québec depuis septembre 2019 dans une université anglophone. J’étudie la politique internationale, la science politique et j’ai décidé d’ajouter également une mineure en psychologie à mon programme (car mon université est un « liberal arts college », donc j’ai le choix de faire mon programme à la carte). L’année dernière, je me suis tapé le choc culturel, et pour la première fois de ma vie j’étais loin de mon cocon familial pendant plusieurs mois. Les choses qui me faisaient tenir l’année dernière ont été les rencontres que j’ai faites ici, les activités organisées par mon école ainsi que les cours en anglais qui m’intéressent beaucoup.
Je sais que j’ai beaucoup de chance de pouvoir étudier à l’étranger, de plus je n’ai pas à me plaindre car mes parents payent la facture pour moi (je bénéficie d’un prix québécois donc ça n’est pas plus cher qu’une école de commerce privée en France au final). Mais psychologiquement j’ai l’impression que j’enchaîne les moments de détresse. Déjà il y a eu les vagues d’attentats de 2015 et 2016, j’avais 14/15 ans et j’ai souffert pendant les mois qui ont suivi, de cauchemars et de beaucoup d’anxiété. Mon histoire personnelle au lycée était déjà compliquée (décès d’un professeur très apprécié, décès d’un proche…), mais encore une fois j’ai la chance d’avoir un cocon familial solide et des amis présents.
Et là, je suis dans un monde parallèle, au moment où j’entrais dans la vie adulte plus sereinement, avec une aide psychologique adaptée à mes besoins, et ce depuis janvier 2020 environ, le COVID arrive. Un an après, je suis seule dans ma chambre de 10m2, à ressentir énormément de frustration, de colère et de tristesse, car au-delà de mon histoire personnelle, il s’agit de la façon dont les gouvernements (français ou canadiens…) oublient encore et encore la santé mentale des jeunes. Nous sommes traités comme des enfants. Nous avons énormément de règles à respecter et la plupart de mes amis les respectent très bien, tout comme moi d’ailleurs, mais on a l’impression que nous sommes oubliés par la crise. Nous, on se sacrifie pour sauver les plus vieux, mais on le paye à coût de détresse psychologique intense (simplement regardez les taux d’anxiété et de dépressions chez les jeunes du monde en 2020…, ils étaient déjà hauts mais là…). Deux de mes amies m’ont reporté des cas de suicides autour d’elles. Nous, on se tape les cours sur Zoom tout pourris, les fêtes manquées, les expériences de vies jetées à la poubelle, et tout ça pour hériter d’un « c’est vous qui propagez le virus », « c’est de la faute des jeunes »… Encore une fois, je suis une privilégiée parce que mes parents sont là mais mon Dieu les effets négatifs sur la santé mentale de ma génération… Sans parler des conséquences économiques parce que bonjour la recherche de petits boulots, ou de stages, ou d’opportunités d’aller à l’ONU pour participer à des simulations inter-universitaires. Je suis en quarantaine, ça fait 14 jours et personne là-haut n’a la décence de penser « peut-être que 14 jours d’isolement social c’est pas une bonne idée », peut-être que 7 jours et un test suffisent, nan parce qu’au final le prix à payer pour « sauver tout le monde », c’est une génération de traumatisés.
Mais bon… Je reste une optimiste dans l’âme parce que j’ai énormément d’espoir en ma génération. De savoir que nous avons dans nos rangs des activistes comme Greta Thunberg, Emma Gonzales ou Malala Yousafzai, ou tous ceux qui comme moi sont volontaires pour aller faire du bénévolat, ou monter des associations de lutte contre le changement climatique est très positif. Le fait que cela n’alarme pas les générations d’avant nous me fait peur par contre, ne voyez-vous donc pas que toutes ces personnes ont peur ? Regardez Greta Thunberg, ce n’est pas simplement une « adolescente excessive », c’est une adolescente tellement anxieuse pour son futur qu’elle a décidé de rassembler sa génération pour essayer d’avoir un impact sur le système.
Je serai ravie de participer au forum canadien « Jack.org » qui rassemble les jeunes pour parler santé mentale, en mars prochain, car même si j’ai dans mes plans de carrière professionnelle une envie de me tourner vers le consulting, j’ai également une forte envie de faire quelque chose pour dépoussiérer l’image que nous avons de la santé mentale, car j’estime que c’est un pilier tout aussi important que la santé physique.
Merci^^

18 janvier 2021
Marion

Je veux voir mes amis, ma famille, mes collègues, sortir, aller au cinéma, boire un verre ou plusieurs, je veux voyager, m’amuser, être surprise… Je veux tout simplement VIVRE, être LIBRE. Si l’on nous retire tout cela, quel sens donne-t-on à la vie ?

20 janvier 2021

Suivez-nous sur