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Vos témoignages

Cecile
Educatrice

Je voudrais tout d’abord vous remercier pour la création de ce site. J’aurais souhaité y écrire avant mais je n’en avais pas la force. Je voudrais témoigner pour les malades suspects Covid qui doivent rester à domicile et souffrir en silence. Je comprends qu’il y ait des cas prioritaires pour le 15 et les urgences, mais je vous jure que ce qu’on vit avec le Covid c’est juste une horreur. Non seulement vous souffrez mais, en plus, beaucoup de soins vous sont fermés car vous êtes suspect Covid : pas droit à une radio, à un scanner, le 15 juste si vous êtes en train de mourrir.

Tout a commencé pour moi le 29 mars. Je ressens toute la journée une espèce d’oppression qui m’empêche d’inspirer, à tel point que je compose le 15 en fin de journée mais là on me répond que c’est sûrement de l’angoisse car j’arrive à parler sans être essoufflée. Je prends rdv avec mon médecin en visio pour le lendemain, et là elle me dit que j’ai sûrement le Covid. Je lui explique cette oppression et cette difficulté à inspirer. Puis les jours s’enchaînent : maux de tête, légère fièvre 38, diarrhée et vomissements. J’ai fait deux malaises car mon corps était fatigué et mes gênes respiratoires m’angoissaient. J’ai dû appeler le 15 à ces deux reprises, et j’ai été assez mal reçue, comme aux urgences, car je ne suis pas un cas grave. Mais moi je souffre aussi et je suis humaine.

Ça fait maintenant 4 semaines que je traîne cette gêne respiratoire, je n’en peux plus. Mon médecin m’a prescrit de la ventoline, de la vitamine C et du Doliprane mais rien n’y fait. Sur 4 semaines, j’ai dû avoir quatre jours où je me sentais mieux. Sans être testée, on se demande si on n’a pas autre chose, on vit avec l’angoisse de ne plus respirer. Mercredi dernier, j’en ai eu assez. Je suis allée de moi-même aux urgences d’un autre hôpital où j’ai été entendue et le médecin m’a prescrit un antibiotique. J’espère que je vais bientôt aller mieux, cela fait deux jours que je le prends. Voilà tout ça pour dire que, oui, il y a les personnes hospitalisées mais il y a aussi toutes les personnes qui souffrent chez elles sans beaucoup d’aide. Moi j’ai l impression que j’ai un alien qui s’est attaqué et attaché à mes poumons et qu’il ne veut plus en décoller.

Samedi, je vais avoir 46 ans.  Mon plus beau cadeau serait de pouvoir souffler mes bougies en bonne santé. Je souhaite bon courage aux gens hospitalisés, aux personnes qui souffrent chez elles et à chacun pour dépasser cette période difficile. Merci encore pour ce site qui permet aussi d’expliquer que les infos de la TV, ce n’est pas tout à fait la réalité et que cela ne dure pas que deux semaines, enfin pour certains, et que c’est une vraie souffrance pour les proches aussi.
Bon courage à tous et merci aux personnels soignants qui restent à l’écoute des patients, mais dans ce contexte ils ne sont pas tous aimables non plus. Je ne leur en veux pas car ils risquent leur vie et celle de leur famille mais nous perdons aussi beaucoup d’humanité il me semble.

23 avril 2020
Marion F.

J’ai 27 ans, je suis donc jeune et en bonne santé, beaucoup de sport, pas de tabac.
Après l’allocution de Macron le 13 mars, un violent mal de tête me prend et me force à me coucher tôt. Le lendemain, j’ai une barre sur la poitrine. C’est le début d’un long cheminement.

Je prends contact avec mon médecin le jeudi 16, je respire mal, j’ai mal aux poumons. Partout sur internet, mes symptômes sont cités comme étant les plus graves, nécessitant d’appeler le 15. Pour mon médecin, c’est un symptôme courant, je dois surveiller. Mon état ne s’arrange pas la semaine passant. J’ai peu d’autres symptômes associés : pas de fièvre, seulement cette barre, beaucoup de fatigue, un teint blafard et quelques migraines.
Je décide tout de même la semaine suivante de consulter physiquement un médecin. L’absence d’autres symptômes lui fait douter d’un COVID mais j’ai un sifflement au poumon droit, il faut faire une radio. Il pense à une grosse bronchite bactérienne que l’on pourrait soigner. Bien sûr, la radio ne donne rien excepté un « encombrement des bronches ». Le COVID ne se voit pas à la radio, ou alors s’il se voit, c’est dans des cas gravissimes. Il faudrait faire un scanner mais il m’est déconseillé : trop irradiant, et puis quand bien même ce serait un COVID, on ne pourra rien faire de plus. Retour en case départ « à surveiller et recontacter si aggravation ».

Je crois qu’au-delà des symptômes, c’est cette épée de Damoclès constante de l’aggravation que l’on porte sur nos épaules qui est le plus fatiguant. C’est passer ses journées à s’auto-checker en se disant « est-ce pire qu’hier ? Est-ce que ce sera pire demain ? ». C’est une situation étrange où, en temps normal, nous serions pris en charge et soignés, rassurés, accompagnés mais la crise nous laisse très seuls, pas assez bien pour être en bonne santé, pas assez grave pour être pris en charge. Même si je comprends que la priorité ne soit pas donnée à quelqu’un comme moi et que quelqu’un d’autre de plus malade la mérite plus, c’est très anxiogène. Je me demande régulièrement si l’aggravation me mettra en danger, car prise trop tardivement, ou si je vais avoir la chance de passer entre les mailles du filet. Il ne me reste donc qu’à attendre et « surveiller ».

En tout cas, je n’oublierai jamais.

Bon courage à tous

23 avril 2020
Aurelie
Décoratrice horlogerie

Bonjour à tous,
Tout d’abord merci au créateur de ce site, cela fait un moment que j’aurais dû témoigner !
Comme vous indique mon titre, covid oui ou non, je vous explique :

Début mars, je me mets à tousser. Jusqu’ici pour moi, rien d’anormal. Nous sommes dans les périodes de grippe. De plus, j’ai été soignée il y a un petit mois pour une bonne pharyngite, je ne m’inquiète pas. Mais ma toux devient de plus en plus pesante, me laissant une douleur dans les poumons et, quand je ne tousse pas, j’ai des points dans la poitrine. À ce moment, l’Italie est en plein pic de l’épidémie Covid, et j’ai peur d’avoir des symptômes mais je me dis aussi que c’est peut-être juste parce qu’on en parle beaucoup à la télé. Nous sommes le 17 mars et je prends tout de même rendez-vous chez mon docteur.
Et là, il m’annonce « suspicion Covid ». Il ne peut pas me faire de test et je n’en aurai jamais d’ailleurs. À ce moment, je pense à ma famille que j’ai vue 15 jours plus tôt, mes parents qui se trouvent dans la moyenne d’âge la plus fragile et qui ont tous deux des soucis de santé, mes sœurs. Bref, l’inquiétude était plus pour mes proches que moi ! Nous vivons mon mari et moi avec notre fils de 13 ans, et ma belle-mère qui a des soucis de santé également. D’ailleurs, mon mari sera lui aussi suspect Covid.

Les dix premiers jours n’ont pas été simples : pas de fièvre, un petit 38.5 pas difficile à supporter. Le plus embêtant, ce sont les douleurs au niveau de la nuque et les douleurs aux poumons. Le pire, c’est cette toux qui vous arrache les poumons, peur de tousser à chaque fois que j’en avais besoin.

Puis, un peu moins de 15j après le supposé diagnostic, je fais un gros effort à la maison et là, il ne m’était plus possible de reprendre mon souffle. Cette sensation que vous ne pouvez plus respirer comme si on vous serrait la gorge. J’arrive à me calmer et mon souffle revient doucement. Mon mari me harcèle pour que j’appelle le 15, je finis donc par le faire !

J’appelle, j’explique, et on me dit « un médecin vous rappelle » ! J’attends. Au bout d’une heure, le téléphone sonne. Je réexplique, mais voilà, je n’ai que 36 ans, pas de maladie, apparemment en bonne santé donc non je n’aurai pas droit au test, j’aurai juste droit à : « vous avez tous les symptômes mais vous avez l’air d’aller bien, donc rappelez-nous lorsque vous aurez les lèvres violettes » ! Vous êtes à la fin de la maladie et c’est à ce moment qu’il faut être le plus vigilant.
Ok mais comment ? On me laisse comme ça !

Nous sommes entourés d’amis sapeurs-pompiers et l’un deux est venu pour prendre ma saturation, tension, etc. Et ce suivi, je l’aurai grâce à lui !
Nous avons décidé d’acheter l’appareil pour ne pas l’exposer lui, et c’est nous qui allons le faire tous les jours jusqu’à ce que ce soit terminé !

Voilà pour le gros de mon histoire, une énorme fatigue, des courbatures et une affreuse toux ! Loin de tous les symptômes qu’ils disent à la télé…
Aujourd’hui, nous sommes le 22 avril 2020. J’ai perdu énormément de souffle mais ça revient doucement. Nous sommes toujours confinés. Je reprends le travail le 27 et ma seule crainte, c’est de l’avoir une seconde fois. Je pense qu’il y a énormément de personnes qui l’ont eue, cette saleté, mais qui ne rentreront jamais dans les statistiques par manque de tests !

Merci de m’avoir lue et j’espère que mon témoignage aidera !

22 avril 2020
Mel
Décoratrice d’intérieur

Bonjour à tous,
Je voudrais vous raconter ce qui m’est arrivé début janvier et je suis intimement persuadée que le COVID était là bien avant.

Dernière semaine de décembre, semaine du nouvel an, je pars en Andorre avec des amis et mon conjoint qui toussait beaucoup à ce moment-là . Milieu de semaine, je commence à tousser à mon tour, un peu de Toplexil et du Doliprane mais rien n’y fait. Je suis migraineuse alors je décide de prendre du Ketoprophene.

Le jour suivant, fièvre, j’ai chaud, j’ai froid… Ma tête me fait un mal de chien, impossible de porter un pull, ma peau a mal, je tousse toujours autant, je me mouche. Je suis asthmatique chronique alors j’ai déjà un peu de mal à respirer… Je pense à la grippe.

Le 3 janvier au soir, nous décidons d’aller dîner au restaurant pour fêter mon anniversaire, à 00h le 4 janvier initialement. Je suis debout, je ne sais même pas comment… Une grosse sensation de malaise m’envahit, je suis obligée de sortir. Je re rentre, j’essaie d’avaler quelque chose mais rien ne va vraiment. Je rentre.

Le 4 janvier , c’est mon anniversaire, 25 ans 🎉 Nous rentrons en France afin de le fêter avec ma famille. Mon conjoint tousse toujours autant et avale du Toplexil tant qu’il peut.
Le 4 janvier au soir, le repas de mon anniversaire se passe. Je suis là sans être là, je me sens vraiment mal mais je respire.

Le 5 janvier au matin impossible de respirer, ma ventoline ne fait aucun effet. J’essaie de ne pas m’inquiéter. Je finis par appeler ma maman (j’essaie parce que je ne pouvais presque pas aligner 2 mots) qui vient chez moi et décide d’appeler le 15. Je lui dis « ce qui m’inquiète, ce n’est pas de ne pas respirer. C’est d’être malade ET de ne pas respirer ». J’essaie tant bien que mal d’expliquer ma situation au 15 qui me soutient que je dois aller rapidement aux urgences… Ils ont également appelé l’hôpital afin de prévenir de mon arrivée. J’essaie de me convaincre que ça va passer… Mais je m’étouffe 2 fois… Mon nez saigne. Quand je tousse, j’ai l’impression que mes poumons se décollent (je ne fume pas), j’ai mal.

Le 5 janvier au soir : j’arrive à l’hôpital. Je me dis que je vais avoir le masque à oxygène et que, d’ici 3 heures, je serai dans mon lit… Je suis immédiatement mise sous oxygène par le nez puis par le masque.
Perfusion , puis gaz de sang (piqûre dans l’artère pour mesurer le taux d’oxygène). Le résultat tombe : 89% d’oxygène… Je suis en insuffisance respiratoire aiguë… Le médecin me dit que si j’étais venu 2 heures plus tard, ils n’auraient rien pu faire pour moi (joyeux 25 ans à moi hein !). Il l’annonce à ma maman qui passe par toutes les couleurs possibles et doit sortir.

On m’annonce que je vais devoir rester, puis, 1 heure plus tard, que je suis transférée dans un service de réanimation continue à Bordeaux !!
Le médecin urgentiste me dit « tu vas devoir y rester un peu, c’est très grave ce qui t’arrive. Nous sommes obligés de te transférer là bas ». Je suis transférée dans ce service dans la nuit.

Arrivée à Bordeaux, prises de sang, écouvillon dans le nez, test où il faut souffler dans un tube pour mesurer la respiration. Tout cela tous les jours ! Je suis sous oxygène. Je fais 2 crises d’asthme.
3 jours après : le médecin du matin me dit que je vais rester ici. Le médecin de l’après-midi me dit que je vais sortir… Je refais une crise devant lui mais je sors… Je demande à avoir mes résultats au vu du nombre de prises de sang que j’ai eues… Ils me disent qu’ils vont m’appeler…

Je rentre chez moi avec des corticoïdes. Mon papa vient me chercher, je suis incapable de marcher vite, je m’essouffle, je suis incapable de tenir debout plus de 2 h… Je ne peux pas parler normalement sinon je m’essouffle.

Le soir, ils m’appellent : nous avons des résultats. Vous n’avez pas la grippe mais il y a bien une infection . C’est un virus respiratoire de type SRAS. Ok… Mais je n’ai jamais reçu mes résultats papier.
Je pense en toute transparence qu’ils avaient besoin de place en réanimation, ou qu’ils ne savaient pas encore, ou bien qu’ils ne savaient pas comment le soigner.

J’ai vécu un enfer les 2 semaines suivantes… Je ne faisais que dormir, je ne pouvais pas me déplacer, conduire, marcher? J’étais clouée au lit.

Je ne peux à ce jour toujours pas récupérer mes résultats à l’hôpital. Je ne peux plus faire de sport de type course à pied… Je suis traumatisée par les mots qui ont été employés : « vous auriez pu mourir ».

21 avril 2020
Frederic

C’était il y a quelques jours à 20h… Ma grande, pas encore 4 ans, « va-t’en virus, je veux retourner sur la route…! »

Elle ne savait pas ton combat, elle ne savait pas que quelques jours après, en ce samedi matin, tu allais partir avec ce foutu virus, toi, son arrière-grand-mère.

Condamnée comme tant d’autres, je lis tellement de messages comme le mien depuis tant de jours.

Le personnel de ta maison de retraite mérite durablement toute la reconnaissance nécessaire. Ils auront été, avec leurs moyens, ton dernier regard.

J’ai lu, il y a quelques jours, qu’il était conseillé d’être médecin ou expert pour s’exprimer sur la situation. Je clame qu’être humain suffit pour réclamer de l’humanité.
Derrière les chiffres, les inflexions de courbes et les satisfactions relatives, il y a des visages, souvent marqués par une vie de labeur, qui s’éteignent loin de nous.

Non, le sujet du moment n’est pas de savoir qui aurait fait mieux ou pire, mais nous, les vivants, devons aujourd’hui ne pas fermer les yeux, regarder en face la situation et témoigner.

Ce message n’a qu’une volonté, je ne peux pas me résoudre à rajouter le silence à ta solitude finale.

Alors mamie, je crie pour toi : « dirigeants, puissants, experts ou autres visionnaires aux discours évolutifs en grippette, allez tous vous faire aimer, mais vraiment ! »

21 avril 2020
Audrey
Vendeuse

Bonjour, je m’appelle Audrey et mon quotidien a basculé depuis que je suis confinée chez moi… Basculé en bien car je ne travaille plus dans mon magasin et le temps libre que j’ai me permet de profiter de mes enfants, leur apprendre les règles d’hygiène, etc.
On espère toutefois vite retrouver papi et mamie bien-sûr 🙏

20 avril 2020