Sérologie négative. Pas d’anticorps.
Qu’ai-je eu ?
Me suis-je rendue malade à ce point toute seule ?
Le vertige me prend : est-ce ce test qui détient la vérité après plus de 2 mois de galère ? Ou puis-je encore faire confiance à ce que j’ai ressenti ?
Je suis perdue… noyée… à nouveau angoissée… tout m’échappe…
Quelle étrange épreuve…
Texte écrit il y a un mois et demi… Toujours d’actualité malheureusement.
Voilà presque un mois qu’il me fait de l’oeil. D’abord sans avoir l’air d’y toucher, assez subrepticement, il m’a donné quelques signes de son intérêt.
Il me faisait alors encore peu d’effet. Peut-être juste quelques étourdissements, maux de tête, une certaine lassitude, de légères douleurs dans le corps. Rien qui ne prévalait la passion qui se bâtissait dans l’ombre. Mais l’hameçon était fiché en moi , profondément. Je l’ignorais encore.
Il s’approchait doucement, mielleux, engageant. Disparaissant parfois, soufflant le chaud et le froid. Doué, un comme peu au « fuis-moi, je te suis », « suis-moi, je te fuis ». Est-ce cela qui m’a fait flancher ?
Et puis, il s’est fait plus pressant, allant jusqu’à me nouer la gorge, étrangler ma tête et prendre toute mon énergie. J’ai su alors que le jeu commençait vraiment.
Ses sentiments sont devenus plus forts, torrides presque, me laissant la bouche sèche, une sensation de fièvre intense. Je ne pouvais plus faire un pas sans lui. Parfois, je croyais l’avoir semé, mais non, il était là, derrière moi. Silencieux.
J’ai voulu l’expulser, le rejeter, le cracher loin, loin de moi. Mais la toux ne pouvait rien sinon resserrer nos liens toujours plus forts, toujours plus intenses. J’ai consulté, médecins et marabouts, pour le chasser loin de moi, exorciser le pouvoir grandissant, oppressant qu’il avait sur moi, mais rien n’y faisait.
Les nuits se sont faites dangereuses. J’appréhendais la tombée du jour, et la venue de cette obscurité qui présageait l’angoisse, la peur qu’il ne m’entraîne à jamais dans un de ses jeux dont il a le secret.
Mon corps brûlait, tentant de le rejeter de toutes ses forces. Mais comment le repousser, lui dont l’emprise physique se faisait maintenant plus sournoise et s’insinuant dans mon esprit. Je sentais qu’il manipulait à présent jusqu’à mes pensées, qu’il ne me laisserait pas partir, non plus jamais.
Il avait jeté son dévolu sur moi. Il me fallait subir son amour pesant, oppressant.

Symptômes qui ont débuté le 5 mars.
Pas de toux, pas de fièvre, mais des sensations étranges qui vous parcourent le corps, un estomac en vrac, un léger mal de tête et des courbatures… Un peu comme dans une machine à laver, les symptômes s’enchaînent sans qu’on n’ait le temps de les digérer. Pour moi, la première crise s’est achevée par une attaque de panique (première crise de spasmofolie de ma vie) et la venue d’un médecin qui m’a prescrit de légers anxiolitiques : sans vraiment en être sûre, pour elle, le stress expliquait tout cela… Aujourd’hui, cela recommence, j’ai l’impression que la machine à laver vient d’être mise en marche et je ne sais pas quel programme est lancé… Autour de moi, on me pense hypocondriaque. Cette maladie rend très seul.e et on se demande jusqu’à quel point le corps pourra résister. Bon courage à tou.te.s, on va y arriver.
11 mars, mon employeur me fait appeler le 15. D’un seul coup, tous les symptômes d’une grippe, donc pas trop alarmant.
On m’a renvoyée chez moi seule avec une boîte de masques.
Le 13, je me sentais très fatiguée avec mal de tête (mal de crâne comme dirait mon fils de 11 ans qui l’a eu 3 jours).
Le 15, mal de crâne installé. Tu prends du paracétamol mais il ne bouge plus, il reste, il fait partie de ta vie car tu vas t’apercevoir qu’il est plutôt sympa !
Le 16, des courbatures mouvantes. Je sais, cela peut paraître bizarre mais j’ai eu cette sensation que l’on me passait un scanner… D’abord nuque, dos, bras, torse, jambes, pieds (là tu penses qu’il va sortir par les orteils, mais non il recommence).
Suite des événements, toujours cette fatigue plombante. Mais, surprise, tu as mal à la poitrine comme si une voiture t’avait roulé dessus avec un gros surplus de brûlures dans le dos. Tout est en feu, tu ne comprends pas.
Tu n’oses plus respirer, tu souffres énormément, de toutes petites respirations te permettent de survivre.
5 jours à t’endormir et te réveiller en sueur car tu fais le cauchemar incessant : je me noie !!! Donc tu te réveilles car, d’après les médecins, c’est ton subconscient qui te sauve.
(J’ai été suivie par trois médecins à mon domicile).
28 mars, un peu moins mal à la poitrine, mais tu fais 10 mètres et tu vas te coucher.
15 Avril, je suis toujours extrêmement fatiguée avec une tension à 15.8 et un coeur qui s’emballe… Donc du repos.
J’ai pensé remonter la pente quand j’ai eu mon bilan sanguin, qui était à peu près convenable malgré mes défenses immunitaires qui sont plus que faibles.
J’ai demandé aux médecins comment ça allait se passer, si j’étais immunisée…
Leur réponse : on ne sait pas, s’il mute vous êtes en première ligne.
Chouette ! Rassurant.
Aujourd’hui, nous sommes le 21 mai 2020.
Lundi, j’ai eu ma visite de contrôle car toujours cette douleur thoracique qui revient de plus en plus souvent, et ce mal au coeur très intense par moment.
Je suis ressortie avec des Beta-bloquant, une sérologie Covid-19. Résultats demain.
Je croise les doigts pour qu’il ne soit plus là, mais mon coeur se bat encore contre quelqu’un…
Je n’en peux plus, je veux retrouver ma vie d’avant ! Même si je sais que je suis « chanceuse » par rapport aux autres d’être encore en vie.
Prenez soin de vous, faites attention.
J’ai été mise en arrêt par mon médecin le 24 mars. Cela faisait 10 jours que je traînais une pseudo fièvre (entre 37,8 et 38,1), que j’avais le nez qui coulait légèrement et des maux de tête. À cette époque, les pollens étaient très présents, bien plus que d’habitude et comme je suis asthmatique et allergique aux pollens, j’ai tout mis sur le compte de l’allergie saisonnière. Au bout d’une semaine, j’ai commencé à tousser et à être essoufflée (toujours l’asthme pour moi). Et comme l’asthme ne faisait pas partie des maladies à risque jusque-là, je n’ai pas appelé le médecin. Le mardi 24, j’apprends que l’asthme devient à risque et j’appelle mon médecin qui me met en arrêt. Le lendemain, je suis dehors avec mon fils et une quinte de toux me prend, impossible de m’arrêter. La ventoline que mon fils me donne n’y change rien. Mon mari m’aide à rentrer, je m’allonge. Il appelle le 15 et je pars aux urgences. Scanner normal, CRP inexistante, température à 37,3… Mais une tension à 17,8 et une toux caractéristique, celle de la coqueluche. Le médecin m’explique qu’au vu de mes examens, il ne peut pas me dire Covid, mais que ma toux le fait dire que oui. J’en suis à J68 et je n’ai toujours pas retrouvé mon souffle. J’ai repris le travail pour essayer d’aller mieux en me changeant les idées mais je vois bien que les gens sont sceptiques. Ils ne me croient pas. On a tellement martelé que » le Covid disparaît généralement en quelques jours avec du repos » que je passe au mieux pour une hypocondriaque, au pire pour une affabulatrice. Pourtant les symptômes sont là : douleurs excessives dans la poitrine et les poumons, maux de tête qui reviennent en force, brûlures dans la poitrine, toux qui revient, froid dans le corps alors qu’il fait 30 degrés… Je sais que j’ai été et suis toujours Covid, j’ai perdu le goût, l’odorat, et la quasi totalité des symptômes était là : vertiges et grosse fatigue compris. Mais je suis démunie face au manque d’informations sur nos cas, nous les J60 et plus… La maladie est sournoise parce qu’elle revient quand on pense aller un peu mieux, et elle nous laisse épuisés et éprouvés.
Bon courage à tous ceux qui affrontent ou ont affronté le Covid, directement ou par personne interposée et qui doivent lutter chaque jour.
#J64. Le lendemain du confinement, je me lève à 6H, comme d’habitude, avec un petit écoulement nasal, une petite toux grasse depuis quelques jours, rien d’inquiétant. Je traîne un peu la patte. Mais bon… Je déjeune et d’un coup, je ne tiens plus debout, mes jambes se dérobent, des frissons, je me recouche. Ceci plus ou moins pendant 2 jours avec diarrhées, nausées, maux de tête, courbatures mais pas de fièvre. Je vais finalement voir mon médecin qui diagnostique une suspicion de Covid. Doliprane et du repos avec un·e infirmier·e à domicile 3 fois par semaine… Il m’annonce que le pic est à 14 jours et que cela dure 20 jours. Je rentre chez moi, j’attends donc le jour fatidique (le 14e) en espérant aller mieux après. Aucune amélioration. Au contraire, la fréquence respiratoire s’envole, je suis essoufflée même au repos, je m’étouffe dès que je suis allongée, toujours sans fièvre. Épuisée est un mot faible. Cette fatigue, je ne l’ai jamais connue. 22e jour (9 avril) : fréquence respiratoire normale, moins fatiguée… Je revis, le médecin est content, les visites infirmier·es s’arrêtent ! 30e jour, la catastrophe : je m’étouffe, la respiration s’affole, diarrhées, nausées, maux de tête, douleurs dans les poumons, douleurs musculaires surtout dans les jambes. Je retourne chez le médecin : infirmier·es au quotidien pour surveiller, batterie d’examens qui ne montrent rien (angioscanner, prise de sang, pneumologue, etc.). Les spécialistes ne me prennent pas au sérieux, la question leitmotiv revient : « êtes-vous angoissée ? ». Non. « Bon, ce n’est pas grave, vous avez une respiration courte, ça arrive ». Mais je n’étais pas comme cela avant… Et je suis si fatiguée ! Seul mon médecin m’accompagne, cherche, se pose des questions et surtout… Il me croit ! J’en suis au #64e jour, et c’est toujours pareil : j’alterne les jours d’épuisement avec respiration rapide avec des jours d’ultra épuisement avec essoufflement, diarrhées, maux de tête, douleurs aux poumons… Mais tous les soirs, je m’étouffe. Heureusement, la ventoline m’aide un peu… Je ne sais plus marcher tellement j’ai mal dans les jambes. J’ai des trous de mémoire, je passerais bien ma vie allongée… Le moral pourtant est là, sauf quand j’entends des âneries à ce sujet ! Des personnes qui donnent leur avis sans savoir, des suppositions, des conseils pour ma guérison… Je n’en peux plus ! Je ne supporte plus qu’on ne prenne pas en considération mes symptômes… Cette maladie est nouvelle, hallucinante. Pour combien de temps ? Combien de temps encore à se traîner, à s’étouffer, à mal respirer ? Combien de temps avec ces douleurs ? J’ai eu la chance de ne jamais avoir été hospitalisée… Et lorsque je vois ce que provoque le déconfinement, les personnes sans masques, celles qui ne respectent pas les gestes barrières, l’ouverture de l’École, je me dis que le monde est inconscient. Combien de temps devrais-je vivre avant de retrouver la santé ? Mon médecin se demande : 6 mois, 8 mois… Seul·es nous, les pionnier·es du Covid, pourrons le dire…