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Vos témoignages

LILI
gérante d'entreprise en bâtiment

Je dirige une petite entreprise dans le bâtiment. Je l’ai créée alors que j’avais 50 ans (aujourd’hui j’ai 64 ans) avec mon fils qui n’avait que 18 ans. Nous l’avons développée et aujourd’hui, après 15 années d’existence, nous avons une belle notoriété. Il nous en a fallu du courage et de la ténacité pour en arriver jusque-là. Moi, femme dans un métier de bâtiment, et lui tout jeune homme ! Le 23 Décembre 2019, ma vie a basculé. Mon fils devait reprendre l’entreprise car j’arrive à l’âge de la retraite, avec sa compagne qui s’était bien intégrée au sein de notre société et que je considérais comme ma fille. Ce jour-là, elle nous lâche, sans prévenir. S’en est suivie une profonde dépression de mon fils. Chaque jour, chaque minute a été une lutte pour l’aider à rester en vie. Bien sûr, plus de fête de Nôel dont je me réjouissais car j’étais « Mamie » pour la première fois d’un petit-fils. Les mois de janvier et février n’ont été que douleur, angoisses, peur pour lui. Malgré tout, j’assume seule mon entreprise. Arrive le confinement du 16 Mars, pour cause de coronavirus. Tous les chantiers en cours s’arrêtent. Le 19 Mars, j’ai de violentes douleurs thoraciques et je suis transportée aux urgences, en pleine épidémie de covid. On diagnostique une infection pulmonaire. Après 8 jours d’antibiotiques, je me sens mieux. Afin d’être rassurée sur la fin de l’infection, je repasse une radio pulmonaire et là, tombe le couperet… J’ai un cancer du poumon. A ce jour, l’activité a repris mais je ne pourrai pas récupérer financièrement les 2 mois d’arrêt pour confinement. Malgré tout, je me bats pour maintenir mon entreprise, entre séances de chimio, douleurs, perte de cheveux… Je voudrais arrêter pour prendre le temps de vivre les années qui me sont maintenant comptées mais je ne peux pas car un emprunt continue à courir. J’ai mis 15 années pour construire mon affaire et une seule journée a tout détruit.

14 juillet 2020
Blandine
Manip radio

Un coup de froid ???
Maux de gorge, nez qui coule ! Je prends mon service de nuit et je commence à tousser. Une toux sèche, elle s’accentue la nuit suivante. Ma collègue commence à son tour à être malade. J’en parle, on me dit que les médias en font trop, que ça ne viendra pas à nous. Et pourtant j’en suis déjà sûre ! Je fais un premier test qui s’avère négatif. Je suis surprise car je me sens essoufflée avec des douleurs intercostales. Le lendemain, apparition de crampes abdominales, diarrhée et fièvre. Je rappelle le samu. On me reteste et me voilà positive (deux jours après le 1er). Puis ma collègue de nuit, puis une autre, puis une autre, puis… Une avalanche de symptômes, pertes d’odorat, de goût, de 6 kilos en 1 semaine, des vertiges, maux de tête. Je tiens à peine debout, je m’efforce de tenir, d’assurer… Et oui, une maman qui contamine le papa asthmatique et qui a deux enfants dont un de 6 ans, asthmatique lui aussi, et un en bas âge, 18 mois. Alors on se sert les coudes, on essaie de changer les couches en se concentrant sur son enfant qui a 40.3 de fièvre et qui a besoin de ses parents. Pour faire court, nous sommes restés confinés. Les maux ont mis bien 3 semaines à passer, les nuits furent longues, angoissantes. Nous avons vite cessé de regarder les informations. Nos familles inquiètes prirent des nouvelles régulièrement, impuissantes. Cela fut dur pour tout le monde. Le samu nous appelait régulièrement, ce qui nous rassurait sur l’évolution de nos états. Heureusement, tout le monde en sort sans hospitalisation, juste une visite pour s’assurer que bébé va bien au niveau pulmonaire. J’ai voulu faire un test sérologique qui confirmera la présence d’anticorps, réalisé à ma demande et à mes frais ce que je trouve inadmissible. Puis j’ai dû reprendre le travail, sans doute trop tôt car à ce jour je vis un retour de flamme, des symptômes, une fatigue intense sans fièvre et des bilans normaux. Est-ce un syndrome post traumatique ? Les conséquences du covid à long terme, les médecins ne savent me répondre que seul le temps, le repos peut être bénéfique à ce jour… Je suis peinée de l’impact de cette maladie et de voir l’inconscience de beaucoup. J’adresse mes condoléances à toutes ces familles qui ont perdu un être cher. J’espère que tous, l’état, la population, les médecins sauront apprendre de cette pandémie imprévisible.
Merci à vous de nous permettre de nous exprimer même si je pense que nous pourrions chacun en écrire un livre.

8 juillet 2020
Patrick
Gérant

Bonjour,

De nouveau avec vous, pour vous partager mon vécu… aucune évolution à ce jour… (voir mes posts plus bas)
Après plusieurs examens, ma neurologue a décelé une multi-névrite des périphériques extérieurs… En effet, j’ai des fourmillements depuis mi-avril dans les jambes qui ne partent pas h24, 7/7j, surtout localisés dans la jambe gauche. Palpitations cardiaques, la nuit je dois dormir 3-4h pas plus.
Toujours un mal de gorge prononcé, quelques toux et un état de fatigue et de malaise général. Mes pieds sont tous blancs, les veines peu visibles alors que d’habitude tout est saillant, de physique filiforme, donc je connais mon corps.
Les analyses de sang et ponctions lombaires montraient un taux de protéines élevé, idem pour les cryoglobulines.
Test sérologique lui négatif.
Incroyable quand même…
Je suis pourtant de nature à sortir tous les jours avant le 24 mars, début des symptômes, et là je me suis retrouvé à rester à la maison dans cet état-là… Les médecins ne comprennent pas ou peu. J’ai réalisé un scanner abdo-pelvien jeudi et un bilan sanguin, j’ai les résultats demain.
Donc je ne sais pas ce qu’il se passe à vrai dire…
Cela fait 6 mois que le virus traîne et pourtant on ne sait rien ou quasi peu de choses dessus pour l’éradiquer.
Quand je vois comment cela se passe dehors, l’impression que c’est fini en France… Peu de gens respectent les gestes barrière et le port du masque, même dans un hôpital. J’ai du mal à comprendre cela. Alors que le corps médical a besoin de répit… de repos et de salaires dûment gagnés. L’humain est un virus et causera sa perte, cela ne fait aucun doute pour moi (mon opinion).
Prenez soin de vous et bon courage à vous tous.
Moi je commence à baisser les bras dans cette bataille…

6 juillet 2020
Sabine
Responsable infrastructures

J’ai attrapé ce satané virus le 12 mai.
Je n’ai pas eu beaucoup de fièvre mais des courbatures terribles qui m’empêchaient de me reposer et de dormir pendant 4 jours. C’était comme si on m’écrasait les os des bras et des jambes. Une toux épouvantable. Doliprane inefficace.
4 tests négatifs et pourtant. Puis l’essoufflement et la tachycardie sont apparus, me laissant sans forces dès que j’effectuais les gestes du quotidien. J’ai repris malgré tout le travail de chez moi, malgré ces symptômes. J’ai eu une accalmie au bout de 3 semaines, puis au 50ème jour post COVID, je suis repartie à la case départ avec l’essoufflement, de la tachycardie et une énorme fatigue. Cela dure depuis 15 j. Re-test mais à nouveau négatif. Par contre, je trouve le test curieux parce qu’il a l’air de montrer un tout petit peu d’anticorps mais pas assez pour matcher positif (à deux reprises). Mon médecin m’avoue ne plus faire confiance à ces tests !
Aujourd’hui, j’ai l’impression de ne pas être prise au sérieux quant à mes symptômes et on cherche à tout prix à les mettre sur le dos d’autre chose.
Je sais que, dans mon « malheur »,  d’autres personnes sont dans le même cas, je me sens moins seule. Je suis en AM depuis une semaine.
Je garde malgré tout mon positivisme naturel, malgré quelques baisses de moral. J’espère que cela n’est qu’une question de temps.

5 juillet 2020
Anonyme

« Les aidants ? Vous voulez dire, « les soignants » ? »
Pas exactement. Bien qu’ils soient généralement invisibilisés comparé à leurs employeurs (qui les sous-payent), ils ont toute la reconnaissance de la nation. (Enfin, mis à part quelques-uns qui aimeraient les voir déménager au motif « qu’ils pourraient ramener le virus dans l’immeuble ».)

Autant montrer patte blanche : je n’ai pas de proximité avec un bord ou parti politique, ni ne suis pas « contre les médias ni la politique ». Je ne suis pas un roquet qui veut détruire le système ni clamer le sauver au prix de sa vie. J’aime pouvoir m’exprimer (incluant la critique), librement.

Retournons au sujet : les aidants sont ceux qui, discrètement, se sont mobilisés durant la pandémie pour aider, pour informer les citoyens, pour aider les commerçants, pour s’être mobilisés pour les personnes en difficulté (personnes âgées, etc.). Ceux qui n’attirent pas l’attention de la presse, ceux que le gouvernement devrait médailler (quitte à donner des médailles plutôt que des salaires…), ceux qui agissent bénévolement et de manière désintéressée, une mobilisation générale invisible mais qui est bienvenue. Le genre de bonnes initiatives que l’on aimerait voir à la télé, entendre à la radio ou lire dans un article. Bombardez-nous de bonnes nouvelles ! Toujours plus joyeux que d’entendre le décompte des morts par région, de savoir que le virus affaibli tel organe, tue de X façon, puis de X, en fonction des cas, d’entendre en écho d’un média à l’autre pendant des jours qu’un dirigeant propose la javel comme remède… N’est-il pas plus intéressant de lire quelque chose de constructif, auquel on peut prendre part ?

Il y a toujours des âmes généreuses qui abattent un travail extraordinaire dans l’indifférence générale (assez souvent en chacun de nous d’ailleurs).
C’est peut-être de ça que je veux témoigner. Non pas de cette toxicité des médias quand on en abuse trop, ni du déshonneur et de l’irrespect dont font preuve ceux que nous avons élu, simplement de cette bonté en chacun de nous qui se traduit à plusieurs échelles :
→ Ceux qui ont appris à se laver correctement les mains, et l’ont appliqué dans leur quotidien. C’est tout une technique de bien faire ! Il faut saluer ces changements de comportement.
→ Ceux qui ont fait l’effort de creuser un peu et ont découvert comment se transmettait le virus, et ont respecté les « gestes barrière ».
→ Ceux qui se sont mobilisés pour informer, pour créer, pour partager, s’entraider, soutenir, à des niveaux « anodins » pendant des heures, des jours.
→ Ceux qui ont donné leur vie, ou ont frôlé plus ou moins la mort parce qu’ils voulaient aider, qu’importe qu’il s’agisse de leur profession ou de leurs convictions.

Un grand merci à cette part de vous-même, de nous-mêmes, qui avec discrétion et élégance, aidons. On vous aime. Merci ! 👏

2 juillet 2020
Virginie
Conseillère commerciale

10 décembre 2019, aux urgences pour douleurs thoraciques, petite fièvre, toux sèche, mal de tête, sinus bouchés et douloureux, sueurs nocturnes, difficultés à respirer, diagnostic pneumopathie

13 janvier 2020, scanner thoracique, pneumonie, je suis bizarrement épuisée et je ne respire plus comme d’habitude

22 janvier, 1ère consultation pneumo, et là commence l’enfer. 10 jours double antibiothérapie, diarrhées en continu, une nuit à vomir 17 fois

3 février, appel au pneumo en urgence depuis mon poste de travail, je n’arrive plus à respirer. Il me dit de me calmer et me reçoit seulement le lendemain, aucun test fait au cabinet sur le souffle ou l’oxygénation. Pas de test PCR, je poursuis mon travail dans des conditions inhumaines car pas d’arrêt, tout l’interieur de mon corps me brûle, je n’arrive plus à manger, à avaler, j’étouffe, mon cou se referme de chaque côté, je suis oppressée

Thoracique mais aussi ORL, violentes douleurs dans les oreilles. Je maigris, je n’arrive plus à me concentrer.
4 mars, nouveau scanner thoracique avec cette fois-ci, des opacités en verre dépoli. Je dors mal, j’ai l’impression de tomber dans un trou, je me réveille en cherchant l’air, l’impression de me noyer, parler est de plus en plus difficile.

17 mars, confinement. Mon généraliste m’arrête, je suis une personne à risque.

23 avril dernier, scanner toujours avec les opacités en verre dépoli et là, miracle, le médecin radiologue de la clinique a pris le temps de regarder mon dossier. Pour elle j’ai eu pneumonie + covid, probablement en janvier, merci Madame.

24 avril, sérologie négative, je craque car à ce moment-là, faire le tour du pâté de maisons est devenu trop difficile.

Fin mai, reprise du travail, mi-temps thérapeutique en télétravail, une demi-journée au téléphone devient très vite un enfer

3 juin, urgences au centre hospitalier, difficultés respiratoires, énormes vertiges, nausées et la sensation d’un corps en béton. Retour des règles après 10 mois d’arrêt, normal j’ai 57 ans. Est-ce encore une conséquence du covid ? Là encore miracle, le médecin me confirme que j’ai cumulé pneumonie + covid et que j’en ai encore pour 6 mois. Il me rassure sur mes angoisses, consécutives au délai long de rétablissement.

4 juin, nouveau pneumo, et nouveau traitement. Enfin je sais que j’ai perdu 20 % de capacité respiratoire, ne peut pas confirmer le covid car sérologie négative mais évoque la possibilité d’une maladie chronique.
Conclusion, j’ai certainement zappé pleins d’autres symptômes, pendant des semaines j’ai cru que je devenais folle. Il restera toujours ce mystère de la sérologie négative, moi je sais que mon corps a été attaqué durement, je fais partie des oubliés du COVID

30 juin 2020