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Vos témoignages

Annie
Lycéenne

Pour moi, le confinement a commencé le 16 mars 2020 quand j’ai arrêté d’aller au lycée. C’était bizarre car je ne bougeais presque plus de chez moi. Les seules personnes que je voyais étaient mes parents. Heureusement, je sortais de temps à autre pour aller chercher du pain ou juste me vider la tête. Je ne faisais pas partie des élèves en situation de décrochage car j’ai toujours su travailler seule. Pendant toute la durée du confinement, mes professeurs ont toujours été présents et nous avons pu terminer dans la plupart des matières le programme. C’est une des raisons qui me pousse à témoigner : remercier le corps enseignant. L’autre raison est dans le but de mettre en garde les gens à propos des malades dits « porteurs sains ». En effet, mes deux parents ont tous deux été arrêtés par leurs employeurs mais mon père a quand même travaillé une semaine après le début du confinement. Quelques semaines plus tard, j’ai été la première à me rendre compte que tout ce que je mangeais n’avait plus de goût (je ne faisais plus la différence entre une carotte et une pomme de terre). Le lendemain, ma mère a commencé à tousser et à avoir de la temperature. Elle a fait une visioconférence avec notre médecin qui lui a dit de rester à la maison et de s’inscrire sur le site Covidom mais nous n’avons pas pu faire les tests PCR car, à l’époque (avril), ils étaient uniquement obligatoires pour les personnes fragiles. Cependant, l’état de ma mère se dégradait de jour en jour (nausées, glaires, perte d’appétit, douleurs aux poumons, compression thoracique, fièvre…). Nous étions face à un dilemme : appeler les pompiers au risque qu’elle soit gardée en observation à l’hôpital ou ne rien faire et la voir suffoquer. Nous avons finalement appelé SOS Médecin qui lui a donné des masques ainsi que des boissons nutritives car elle était tres faible et déshydratée. La voir comme ça me fendait le coeur. Au bout d’une semaine, les symptômes s’arrêtèrent et elle pu reprendre une vie quasi-normale, bien qu’elle ne sortait pas beaucoup (de peur de contaminer les autres je pense…). Cette expérience l’avait épuisée physiquement et mentalement. Le mois d’après, nous sommes allés faire le test sérologique et nous avons non seulement découvert que nous avions eu tous les trois le Covid 19 mais aussi que mon père, qui n’avait déclaré aucun symptôme avait le plus d’anticorps. Très ironique !
Pour terminer mon témoignage, je tiens à dire que ce qui m’a le plus manqué, ce n’est pas de ne pas pouvoir sortir mais de ne plus avoir aucun contact avec personne. Je tiens quand même à signaler que la crise a été très mal gérée car un simple test aurait pu épargner les nombreuses souffrances que nous avons subies. Aujourd’hui, je dois tout le temps porter le masque (même dans mon immeuble) mais je suis retournée au lycée et c’est ça le plus important ! J’ai toujours un peu peur de dire que j’ai eu le coronavirus au cas où on me trouverait irresponsable. J’espère que ce texte donnera la possibilité à d’autres personnes de s’exprimer sur leur expérience.

3 septembre 2020
Artuevfj
Collégienne

J’ai peur pour mes grands-parents.

21 août 2020
Adrien
Developpeur

Bonjour,
Ce n’est pas vraiment un témoignage de la maladie mais un témoignage de société.
Je suis surpris du nombre de personnes qui ne veulent plus faire les gestes barrières. Des personnes disent « le port du masque c’est chiant et le virus ne tue que des personnes âgées ». On entre dans un individualisme profond. La génération covid, c’est ça ? Ne plus protéger autrui ?

Il y a quelques décennies pour le pays, on demandait aux jeunes de faire la guerre dont on savait que nombreux ne reviendraient pas. Là, on demande juste de porter un bout de tissu pour se protéger et protéger les autres.

Même si le virus tue quelques pourcentage de gens, derrière les chiffres il y a des familles, des vies.

Soyons plus intelligents que le virus et respectons les consignes des scientifiques pour en faire barrage.

23 août 2020
Béné
Assistante commerciale

Bonjour, je suis maman de deux filles : une de deux mois et une de 10 ans. Je suis confinée depuis le mois de mars avec mon mari et ma grande fille étant enceinte. J’ai accouché avec le masque, je n’ai eu droit à aucune visite. Aujourd’hui, je suis chez moi avec mon bébé de deux mois et j’ai peur quotidiennement. J’ai peur quand mon mari rentre du travail, je ne sors plus, j’ai peur de laisser mon bébé à la nourrice, j’ai peur de retourner au travail, je ne fais plus mes courses, je ne sors plus, j’ai peur pour ma grande qui reprend l’école au mois de septembre. Je ne dors plus, je ne vis plus, je ne sais pas comment faire pour mes deux enfants. J’ai tellement peur pour mon bébé de deux mois. Nous ne recevons personne, nous vivons tous les quatre. Mon bébé n’a pas fait la connaissance de ses oncles et tantes, ni de ses grands-parents. J’ai tellement peur qu’ils lui rapportent le virus. Comment faire ???
Merci

17 août 2020
Mélody
Etudiante en fin de master pendant le confinement de 2020 .

Décembre 2019 : fréquentation d’un élève réfugié chinois tout juste arrivé en France (à quelques mètres de distance).
-> Mi-Janvier 2020 : j’accompagne ma mère, qui a eu un cancer des sinus et ne voit plus rien suite aux radiothérapies, chez son orl pour qu’elle ne tombe pas dans la rue. La secrétaire médicale, visiblement malade, tousse et un postillon atterit sans le vouloir à 2 m de distance, sur mon visage. En proximité de mon nez.
-> Fin janvier 2020 : irritation de la gorge 2 jours type allergie importante, qui ne passe pas avec l’aerius.
-> Suite à ces deux jours, un matin, réveil avec tachycardies impressionnantes (120 battements/minute), et prise de fièvre : 38,8 à jeun.
J’ai « les symptômes grippaux, un petit rhume. J’ai pris froid ».
N’étant pas du genre à attraper la grippe , et cela depuis 35 ans de vie, je trouve ça cependant étrange, mais je sais qu’à une telle température, c’est la grippe minimum.
-> 10 jours de fièvre intense, decrescendo petit à petit, avec des oscillations. Avec une toux sèche et très irritative. La groge me gratte en permanence et j’ai l’impression d’étouffer à force de tousser tellement ça me gratte.
J’ai parfois la tête qui me fait très mal et l’impression qu’elle va exploser, je pense à une hypertension qui doit accompagner à ce moment-là les tachycardies conséquentes à la fièvre.
-> Au jour 6, encombrement subit et rapide des bronches, je pense aux poumons car je suis oppressée, je n’arrive plus à respirer. Je crois que je vais mourir, je manque d’air.
Mes toux sont très rauques et très grasses.
J’appelle cette nuit-là le 15, qui me dit que tout va bien « à ma voix », et me relaye sur SOS médecin. J’attends que le médecin régulateur me réponde 1h30 au téléphone.
C’est finalement mon médecin généraliste qui passera le lendemain, mais SOS médecin a pris peur car au bout d’une heure 30, je m’étais endormie et n’ai plus répondu à leur appel . Ils ont cru que j’étais morte donc s’assurent auprès de mon généraliste que tout va bien quand même.
-> Ma tutrice de stage m’envoie des sms pour me demander, dès que mon petit rhume sera fini, de me remettre aux préparations. « Quand est-ce que tu reviens? », « tu as bien recu mes emails ? », « il faut préparer ».
-> Au jour 6 : Azythromycine 500 mg, Prednisolone, cuivre or argent et ristabil à jeun et après petit déj respectivement, magnésium pour l’après repas de midi, et manger 3 oranges par jour.
J’en pleure tellement j’ai mal à la gorge et tellement ça me brûle quand j’avale, j’en pleure tellement mes toux sont rauques et tellement je manque d’oxygène.
-> Une heure après la prise de l’azythro et predniso, j’ai une remontée de glaires énormes noirs qui me reviennent, et que j’expectorie facilement dans l’évier de la salle de bain, en me mettant en position de vomir, et debout.
Nous sommes tout début février 2020. Je suis toujours, en arrêt maladie.
Je me sens de suite soulagée d’avoir gerbé ces glaires très gros, et très noirs . J’ai vraiment l’impression déjà de mieux respirer.
-> Pendant 5 jours, je vais « gerber », en position debout, des glaires, de plus en plus petit et de plus en plus transparents : noirs, bruns foncés, bruns, bruns clairs, brun-jaunes, jaunes, jaunes clairs, transparents.
Puis transparents- sang.
-> Mon médecin repasse pour un contrôle, mais n’entend pas de râles aux poumons, cependant même si je devais faire un scanner je n’en ai jamais fait un.
Pour elle et depuis le jour 6, il s’agit d’un encombrement important des bronches et d’une trachéite aiguë, avec une inflammation énorme.
-> Suite aux traitements que je trouve un peu courts (5 jours seulement), j’observe un moins bien et l’irritation reprend. Il y a plus de sang dans les glaires que je crache, et alors que la toux était redevenue très sèche sous médication, elle redevient mi-grasse/mi-sèche.
-> Le 6 février, mon chat ne mange plus depuis 2 jours et vomit ++ . Je l’emmène chez le vétérinaire en urgence. Elle présente une grande inflammation organique aiguë, dont notamment au foie. Elle est réhydratée, perfusée et mise aussi sous antibiotiques.
– Je reprends mon stage au collège. La tutrice pour mon premier bilan de séance est hyper agressive, et ne semble pas comprendre ce que je vis depuis 2 semaines. Elle a des attentes haut perchées pour le stage, je suis juste malade.
Je vais régulièrement au collège, entre deux toux rauques, cracher encore des glaires dans les WC des profs, ou dans l’évier du laboratoire. Discrètement.
Je finis par rompre le stage pour maladie. Ma formatrice, ou plutôt responsable de stage, ordonne à ma tutrice d’écrire un bilan de mi-stage alors que le cahier des charges des tuteurs ne leur autorise pas de le faire, ni de noter de stage . Elle obéit aux ordres sans réflexion. Elle pose un 6/20 pour un stage non réalisé ou à peine, et je tente de faire valoir une dispense avec des certificats médicaux mais on ne me croit pas, on ne m’écoute pas.
-> Les toux rauques, parfois sèches, avec des glaires transparents et sang, durent en fait un mois.
Ce qui me soulage un peu c’est les bains de bouche avec du dentifrice, le sensodyne. Ça enlève le coté irritatif, car pendant tout ce temps, ça me gratte au fond de la gorge.
-> Début mars, il y a un mieux une seule semaine. Puis j’ai des symptômes de maux de ventre terribles et de maux de vessie – ovaires qui reprennent, et qui vont me clouer au lit encore 2 semaines. Je n’ai plus de fièvre, mais j’ai très mal à en rester pliée en deux, à pleurer. C’est une douleur atroce, encore pire que pendant des crises de colopathie fonctionnelles aiguës et que des douleurs de cystites.
Je fais cependant des tests urinaires répétés et un test gynécologique, qui s’avèreront négatifs mais on retrouve des marqueurs inflammatoires.
A cela s’ajoutent des crises d’exzéma ou urticaires géants, principalement au niveau des bras (avant-bras) et sur le torse. J’ai de temps à autre des retours de toux, qui se sont entre temps arrêtés depuis le début du mal de ventre. Et quand la toux revient, j’ai des plaques rouges sur le torse sans expliquer ce que ca peut être.
La température durant cette période d’exzéma oscille et est souvent à 37,8 le soir, voire 38, mais reste dans la norme.
-> Mi-mars, on apprend le confinement.
Subitemment et du jour au lendemain, les maux de ventre se stoppent comme arrivés, la fièvre rechute complètement la norme.
-> Début du confinement, début d’une nécrose pulpaire sur une dent qui allait très bien jusque-là, très subitement. Je dois attendre 10 jours avec une rage dentaire jusqu’à ce qu’un numéro d’urgence dentaire soit mis en place par le gouvernement, pour que ma dent soit traitée. Elle était en train de se nécroser et de pourrir de l’intérieur.
L’état infectieux précédent peut, selon les dentistes que j’interroge, être un élément déclenchant une nécrose non carrieuse, comme elle que j’ai.
-> Un nerf résiduel et nécrosé restera dans ma dent deux mois, mais c’est tolérable.
Je dois écrire mon mémoire pendant cette période et je n’ai pas le choix, j’écris. Mais j’ai mal et je pleure souvent.
La dent finit au bout de deux mois par recevoir un traitement de racines dentaires, tout s’est bien passé et il n’y avait pas de dégats supplémentaires.
-> Je subis encore parfois des crises de migraines intenses .
-> Plus rien à signaler depuis. Mais j’évite vraiment d’être recontaminée.
-> Test sérologique positif début juillet , et sérologique grippe négatif.
Ma responsable de stage essaye de faire compter dans mon relevé de notes d’année de M2 le 6/20 du stage en plus gros coefficient que tous les autres étudiants, et me fait ajourner sur l’année. Je fais un recours amiable immédiatement que j’adresse à la direction et à la présidence de l’université. Mon recours est pris immédiatement en compte dès le lendemain avec une réunion d’urgence, et avant même que j’obtienne le reçu de mon recours, les responsables ordonnent immédiatement la rectification de la falsification des crédits etc. Mon 6/20 est tout de même compté sans compréhension de mon problème de maladie, mais à coeffcient égal à tous les autres étudiants.
Je valide mon Master avec presque 11 de moyenne générale.

22 juillet 2020
Victoria

J’ai 18 ans. Du jour au lendemain, on a été enfermés pendant deux mois. J’ai deux petit frères. L’un des deux est autiste. Il s’appelle Timéo, il a 11 ans, ne sait pas lire, ni écrire, et sa façon de communiquer est semblable à un enfant de trois ans. Pendant deux mois, on a dû le supporter. Avant ça, j’avais mes cours, mes amies. Mon frère était pris en charge. Mais pendant le confinement, tout a changé. Plus les jours passaient, plus la situation s’aggravait. Timéo nous faisait crises sur crises. Ma mère est devenue dépressive. Mon autre frère s’angoissait. Et moi, j’étais angoissée, dépressive et fatiguée. Pour la première fois, je ne pouvais plus supporter Timéo. Les journées étaient longues, éprouvantes. On aidait beaucoup ma mère, mais ça ne suffisait pas. Tandis que d’autres avaient trouvé une certaine « routine » durant leur confinement, nous on vivait entre l’angoisse, la peur et Timéo. Mentalement, c’était dur et on souffrait. 15 jours avant le déconfinement, ma mère a eu des antidépresseurs, notre médecin a mis un arrêt de travail à mon père. Pendant 15 jours, mon père a prit le relais en prenant mes deux petits frères sous son toit. Moi, je suis restée avec ma mère. Nous sommes allées habiter pendant ces deux semaines chez ma grand-mère, car ma mère n’arrivait plus à s’occuper de nous.

Aujourd’hui, je consulte une psychologue. Je revois mes amies. Mais je vis constamment dans la peur. Je psychote au moindre non-respect des gestes barrières. Dès que je vois des amies, le soir j’ai besoin de tout désinfecter. J’évite constamment les informations. Je revois mes amies, car j’ai besoin de les revoir, mais je n’arrive pas à me détacher de ce virus. J’ai très peur pour ma santé et celle de mes proches. Pourtant, beaucoup de personnes me disent qu’il faut que je sorte. Que c’est important. Mais certaines personnes ne se rendent pas compte du danger de ce virus. Je ne peux pas non plus m’empêcher de lire les articles sur le sujet. Je lis aussi les articles sur la durée de vie du virus sur les objets. Ça m’a rendue folle. Je suis devenue complètement hypocondriaque. Alors je ne vis que dans la peur. La peur de vivre, finalement. Aujourd’hui, j’ai des médicaments contre la fatigue. Timéo a pu être repris en charge depuis le déconfinement. Ma mère continue ses antidépresseurs. J’ai vraiment très peur. Et je ne sais pas comment me sortir de ces angoisses et de cette peur. Après les deux semaines chez ma grand-mère, ma mère allait mieux. Timéo et mon autre frère sont revenus à la maison. J’ai dû faire une liste de tâches à faire pour épauler maman au mieux. Ainsi, depuis ça, je fais la vaisselle matin, midi et soir. Tous les jours. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ça ne va jamais s’arrêter. J’ai l’impression de ne plus vivre, ou de ne plus avoir l’envie. J’ai arrêté de me battre. J’ai baissé les bras. Même si je suis prise en charge psychologiquement, je me sens mal. C’est pas une vie ça. J’en peux plus de vivre comme ça. C’est pas une vie.

14 août 2020